

Ce site vous est proposé par le
Publié le 15/03/2025
C’est à la charnière des Années 70/80 que les premiers effets les plus concrets de la mondialisation du cyclisme commencent à être ressentis de manière décisive. Et si le Tour de l’Avenir n’en est pas le seul artisan, il joue un rôle prépondérant.
La première décennie n’a vu que des Français (4), des Italiens (3), des Espagnols (2) et un Néerlandais s’imposer sur l’Avenir ; bref, le vieux monde du cyclisme. Mais si les nations du bloc de l’Est ont déjà leur forte emprise sur le milieu dit amateur, le doublé du Soviétique Sergueï Soukhoroutchenkov (1978, 1979) installe un parallèle entre deux cyclismes qui se connaissent certes de réputation, mais se rencontrent si peu, ou pas. On compare alors volontiers le champion olympique de Moscou à Bernard Hinault, chacun dans son monde, mais la confrontation reste impossible.
Le doublé de Soukhoroutchenkov est unique à ce jour sur le Tour de l’Avenir, mais un autre événement marque fortement l’évolution en marche. L’intraitable « Soukho » est privé du triplé par un petit coureur moustachu qui ne paye pas de mine, Alfonso Florez, premier de cordée des Colombiens qui ne vont plus tarder à enflammer les ascensions du Tour de France (le légendaire Lucho Herrera participe à l’Avenir en 1982 où il remporte l’étape de Morzine). Leur irruption, c’est pour beaucoup au Tour de l’Avenir qu’on la doit, et à son directeur de l’époque, Xavier Louy, résolu à multiplier les échanges tous azimuts. Le succès du petit Alfonso Florez en 1980, même s’il effectue par la suite une carrière modeste, ouvre la voie aux grimpeurs de son pays (comme à d’autres), et marque une date que l’on peut qualifier de réellement historique.
Le début des Années 80 est ainsi un grand tournant. Les barrières tombent, y compris celle qui sépare encore professionnels et amateurs (jusqu’en 1992, l’Union Cycliste Internationale ne fait que chapeauter deux fédérations distinctes : la FIAC, amateur, majoritaire au nombre des pays affiliés, et la FICP, elle professionnelle). Le temps de l’Open est venu. Un pas décisif est franchi en 1981, quand l’Avenir devient accessible sous conditions aux groupes professionnels, à parité avec des sélections nationales amateurs. Une autre forme d’ouverture.
La formule fonctionne plutôt bien, et témoigne en tout cas des nouveaux équilibres sur la carte du monde cycliste. Les jeunes éléments des groupes pros et les meilleures nations amateurs (URSS, RDA, Colombie…) se partagent d’ailleurs à peu près équitablement les victoires d’étapes et il y a, en 1982, huit amateurs parmi les dix premiers du classement final, même si les deux premiers (l’Américain Greg LeMond et l’Ecossais Robert Millar) sont de jeunes pros dont la suite dira à quel point ils sont prometteurs. Cette période est un accélérateur de carrière aussi bien pour l’Allemand de l’est Olaf Ludwig (1983) qui ne va pas rester une « star » du monde amateur, que pour des néo-pros appelés à devenir de futures grosses pointures, à l’instar de Pascal Simon (1981), Greg LeMond (1982), donc, à jamais le premier Américain vainqueur du Tour, ou encore Charly Mottet (1984).
L’open est encore de mise par la suite, mais de 1986 à 1990, c’est encore l’idée de l’élargissement qui prévaut. Dans une nouvelle dimension. Le Tour de l’Avenir devient celui de la Communauté Européenne. L’édition 1986, de Porto à Turin via l’Espagne et la France, reste dans les mémoires puisqu’elle marque l’avènement d’un très grand champion, et pas seulement par la taille (1,88m.) : Miguel Indurain, alors âgé de 22 ans, pose les bases de ses cinq succès (1991 à 1995) à venir sur le Tour de France ! Les quatre éditions suivantes au cours desquelles le maillot jaune est remplacé par un maillot bleu étoilé symbolique de l’Europe des douze, figurent sur la carte de visite d’autres grands noms, Marc Madiot ou Laurent Fignon, même si eux sont déjà des coureurs accomplis, des pros aguerris. Bref, on s’éloigne sensiblement de la vocation première de l’épreuve. Mieux vaut revenir aux fondamentaux.
FIN DE LA 3ème PARTIE