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Publié le 15/03/2025
S’il répond à une forme d’idéal, par nature, le Tour de l’Avenir n’est pas exempt des contingences matérielles qui l’auront mis en péril, parfois. D’autant que le peloton des jeunes, par définition, est encore inconnu du grand public et ne garantit pas forcément des retombées à la hauteur de l’événement. Annulée une première fois en 1970 en raison de difficultés économiques, l’épreuve est remplacée cette année-là par un Prix de l’Avenir monté au pied levé en s’adossant à la classique Paris-Vierzon. Il s’agit d’un ersatz, simple trait d’union, et cela en dépit de la qualité du vainqueur, le Français Marcel Duchemin. Ce sont donc seulement 60 éditions du Tour de l’Avenir (*) qui sont à ce jour officiellement comptabilisées. Deux autres interruptions surviennent en effet en 1975, puis en 1991, et l’on craint alors qu’il n’y ait plus d’avenir. Il faut que le directeur du Tour de France, Jean-Marie Leblanc, et son adjoint, Albert Bouvet, convaincus de la nécessité de pérenniser l’épreuve qui prépare la relève, aient la foi pour la sauver, et définitivement, en lui trouvant une nouvelle terre d’accueil – la Bretagne – dont on sait combien elle est acquise à la cause du cyclisme.
S’ouvre malgré tout une période alors incertaine. Le palmarès des Années 90 et 2000 n’est pas le plus éloquent. Peut-être parce que la place de la montagne est souvent moins prépondérante. Sans doute aussi parce que le Tour de l’Avenir, malgré toute la fraîcheur qu’il dégage, ne peut échapper complétement aux années terribles d’un sport confronté à ses démons. Le palmarès en porte quelques traces...
Il n’empêche qu’une flopée de grands coureurs continue de passer par là, à l’image des sprinteurs Erik Zabel ou Robbie McEwen, d’un rouleur tel que David Millar, et des Français qui font l’actualité dans cette période difficile, Sylvain Chavanel, Christophe Moreau, David Moncoutié, la liste est longue… L’épreuve, indéfectiblement, continue de tenir son rôle de grand conservatoire. Et l’avenir est sauf.
Depuis 2007, la course a renforcé son identité de Tour de France des jeunes, puisqu’elle est actuellement disputée par équipes nationales ouvertes aux moins de 23 ans. La précocité de la nouvelle génération inspirée des Pogacar ou Evenepoel pourrait conduire à abaisser cette limite car l’épreuve s’attache à suivre les évolutions.
Elle s’est préservée aussi une forte identité, sous l’impulsion d’Alpes Vélo qui a repris l’organisation en 2012, car si le Tour de l’Avenir traverse la France (départs de Bretagne, de Champagne-Ardennes, de Vendée, du Grand-est ces dernières années), il réinstaure le test grandeur nature de la haute-montagne, son ADN, grâce à ses points de chute habituels en Savoie et Haute-Tarentaise, et s’est même trouvé un décor à couper le souffle sur le chemin pastoral du Colle delle Finestre, en exportant son final 2024 en région Piémont. Comme pour mieux signifier que l’Avenir appartient bien à toute la communauté cycliste.
Et il n’est pas rare, lorsque l’équipe d’Alpes Vélo s’aventure quelque part pour défricher de nouveaux terrains de jeu, que le Tour souvent lui emboîte le pas. Dernier exemple, le terrible col de la Loze exploré par l’Avenir en 2019 est devenu déjà un « classique du Tour » puisque la Grande boucle se plait aussi bien à célébrer ses cols historiques qu’à exploiter les « trouvailles » du XXIe siècle.
C’est bien pourquoi, si Amaury Sport Organisation a confié en 2012 les destinées du Tour de l’Avenir à l’équipe d’Alpes Vélo dirigée par Philippe Colliou, l’organisateur du Tour de France reste au soutien d’une épreuve qui lui reste indispensable, à bien des égards. Et l’Union Cycliste Internationale, elle aussi, a bien compris l’intérêt d’une épreuve-phare à l’intention des jeunes, non seulement en lui accordant le label de sa Coupe des Nations U23 (moins de 23 ans), mais en l’utilisant comme une plate-forme de formation, pas seulement pour les coureurs, mais pour l’ensemble des métiers du cyclisme : pilotes, régulateurs, ardoisiers, speaker, et plus encore les commissaires dont un panel choisi au sein de pays neufs vient y acquérir une expérience, sous la houlette de collègues rompus aux grandes épreuves. Une véritable académie.
Le Tour de l’Avenir poursuit ainsi son œuvre d’autant mieux que, depuis 2023, il bénéficie du parrainage du CIC pour les maillots jaunes des deux courses, masculine et féminine. Ce qui lui donne un standing supplémentaire et des perspectives.
C’est d’ailleurs une nouvelle aventure dans laquelle le Tour de l’Avenir s’est encore avancé en terrain inconnu pour créer en 2023 sa version féminine, puisqu’il n’existait pas d’épreuve de cette envergure à l’intention des jeunes espoirs filles. Il accompagne ainsi ce mouvement irréversible et, d’ores et déjà, on peut affirmer que le Tour de l’Avenir féminin se rend aussi indispensable que son homologue.
Chaque nouvelle édition, que ce soit pour les espoirs filles comme pour les garçons, est dans tous les cas l’assurance de mieux comprendre et apprécier le cyclisme de demain.
(*) Remplacé en 1970 par un Prix de l’Avenir sur le parcours Paris-Vierzon-Thiers en quatre jours non comptabilisé dans les 60 éditions déjà disputées, le Tour de l’Avenir n’a pas été organisé non plus en 1975, 1991 et annulé en 2020 en raison de la pandémie de Covid.
FIN DE LA 4ème ET DERNIÈRE PARTIE